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Les espèces invasives... article du RL d'aujourd'hui
Dim 22 Avr 2012 - 21:37
Républicain Lorrain 22/04/2012
« Un nombre exponentiel »
C’est une des mondialisations les moins visibles. L’essor du commerce mondial et des échanges humains provoque un véritable brassage des espèces. Avec des conséquences sur les biosystèmes locaux.
Si vous retournez n’importe quelle pierre, au bord de la Moselle, près du camping municipal, vous ne verrez que ça. » Ça ? Des moules quaggas et des crevettes gammares, dites crevettes tueuses. L’an dernier, il y en avait à peine. En trois saisons, elles viennent de se tailler une belle part dans l’écosystème de la rivière messine. Et leur expansion n’est pas terminée, loin de là.
Dans son labo du campus Bridoux, le biologiste Jean-Nicolas Beisel s’est spécialisé dans les invertébrés aquatiques, des petites bébêtes longues de quelques centimètres au maximum.
« 20 % des moules cette année, 60 % en 2013 »
« L’an dernier, il n’y avait pas de moules quaggas. Ce printemps, elles représentent 20 % des moules des bords de la Moselle. L’an prochain, elles devraient en représenter 60 %. » Au détriment de l’autre moule, la zébrée, arrivée dans les années 1850 mais surtout développée depuis les années 1970 et la pollution des eaux de la Moselle. La moule quagga, elle, a fait comme des dizaines d’autres espèces : elle est tombée, non pas du camion, mais du ballast des péniches venues de la Mer Noire et du Caucase, via le Danube, le Rhin et les canaux.
Cet affrontement entre les deux moules peut paraître anecdotique. Il est révélateur d’un écosystème soumis à un bouleversement intense, permanent. « Le nombre de nouvelles espèces est exponentiel, observe Jean-Nicolas Beisel. Normalement, toute courbe de croissance finit par s’arrêter, mais, là, on n’en voit pas le plateau. » La cause est entendue : « La mondialisation des transports et des déplacements, avec des échanges de plus en plus nombreux sur des distances de plus en plus longues ». Un échange inégal, sans explication complète : « Pour dix espèces qui arrivent de l’est, une seule part de l’ouest ».
La faute aux ballasts et aux aquariums
Il y a donc les invertébrés logés dans les ballasts. Ceux des pots de fleurs, des mini-bambous. Les dépôts d’aquarium et de jardinerie. Le tout jeté dans des eaux de plus en plus chaudes, à la fiche technique de plus en plus semblable, d’une capitale à l’autre.
Mais ces échanges, s’ils s’accélèrent, ont toujours existé. Et s’il fallait lister les plantes d’origine étrangère à notre terroir, il faudrait commencer par la tomate, la pomme de terre, le maïs… En outre, ces fameuses moules ou les crevettes tueuses se sont placées sur un créneau quasiment vide. Alors ? Où est le problème ? À partir de quand une plante invasive est-elle assimilée ?
Variété réduite
« Tous les milieux comportent des espèces exotiques, souvent introduites par des sociétés savantes. Prenez le sandre, par exemple, il est apparu en 1880. Une invasion naturelle est peu fréquente, commence par rappeler le biologiste. Jusqu’à présent, aucune introduction d’espèces n’a engendré l’extinction d’une autre. Mais des études américaines l’ont prouvé : l’arrivée d’espèces invasives réduit fortement la variété présente. »
Le propre de l’espèce invasive est de croître très rapidement, loin de son biotope naturel – et donc de ses contraintes. Elle va bouleverser le milieu d’origine.
Un autre exemple, à puiser sous l’eau : l’écrevisse. Trois espèces américaines ont achevé de pousser l’écrevisse locale dans ses retranchements. La tortue de Floride n’a aucun concurrent. Heureusement, la moule quagga et la crevette tueuse n’ont pas quitté encore la Moselle pour aborder la Seille ou l’Orne.
Face à cette situation, les amateurs de poissons exotiques n’ont qu’un conseil à suivre : « Ne videz pas vos aquariums dans les rivières, mais ramenez tout dans des zoos ou des animaleries ».
« Un nombre exponentiel »
C’est une des mondialisations les moins visibles. L’essor du commerce mondial et des échanges humains provoque un véritable brassage des espèces. Avec des conséquences sur les biosystèmes locaux.
Si vous retournez n’importe quelle pierre, au bord de la Moselle, près du camping municipal, vous ne verrez que ça. » Ça ? Des moules quaggas et des crevettes gammares, dites crevettes tueuses. L’an dernier, il y en avait à peine. En trois saisons, elles viennent de se tailler une belle part dans l’écosystème de la rivière messine. Et leur expansion n’est pas terminée, loin de là.
Dans son labo du campus Bridoux, le biologiste Jean-Nicolas Beisel s’est spécialisé dans les invertébrés aquatiques, des petites bébêtes longues de quelques centimètres au maximum.
« 20 % des moules cette année, 60 % en 2013 »
« L’an dernier, il n’y avait pas de moules quaggas. Ce printemps, elles représentent 20 % des moules des bords de la Moselle. L’an prochain, elles devraient en représenter 60 %. » Au détriment de l’autre moule, la zébrée, arrivée dans les années 1850 mais surtout développée depuis les années 1970 et la pollution des eaux de la Moselle. La moule quagga, elle, a fait comme des dizaines d’autres espèces : elle est tombée, non pas du camion, mais du ballast des péniches venues de la Mer Noire et du Caucase, via le Danube, le Rhin et les canaux.
Cet affrontement entre les deux moules peut paraître anecdotique. Il est révélateur d’un écosystème soumis à un bouleversement intense, permanent. « Le nombre de nouvelles espèces est exponentiel, observe Jean-Nicolas Beisel. Normalement, toute courbe de croissance finit par s’arrêter, mais, là, on n’en voit pas le plateau. » La cause est entendue : « La mondialisation des transports et des déplacements, avec des échanges de plus en plus nombreux sur des distances de plus en plus longues ». Un échange inégal, sans explication complète : « Pour dix espèces qui arrivent de l’est, une seule part de l’ouest ».
La faute aux ballasts et aux aquariums
Il y a donc les invertébrés logés dans les ballasts. Ceux des pots de fleurs, des mini-bambous. Les dépôts d’aquarium et de jardinerie. Le tout jeté dans des eaux de plus en plus chaudes, à la fiche technique de plus en plus semblable, d’une capitale à l’autre.
Mais ces échanges, s’ils s’accélèrent, ont toujours existé. Et s’il fallait lister les plantes d’origine étrangère à notre terroir, il faudrait commencer par la tomate, la pomme de terre, le maïs… En outre, ces fameuses moules ou les crevettes tueuses se sont placées sur un créneau quasiment vide. Alors ? Où est le problème ? À partir de quand une plante invasive est-elle assimilée ?
Variété réduite
« Tous les milieux comportent des espèces exotiques, souvent introduites par des sociétés savantes. Prenez le sandre, par exemple, il est apparu en 1880. Une invasion naturelle est peu fréquente, commence par rappeler le biologiste. Jusqu’à présent, aucune introduction d’espèces n’a engendré l’extinction d’une autre. Mais des études américaines l’ont prouvé : l’arrivée d’espèces invasives réduit fortement la variété présente. »
Le propre de l’espèce invasive est de croître très rapidement, loin de son biotope naturel – et donc de ses contraintes. Elle va bouleverser le milieu d’origine.
Un autre exemple, à puiser sous l’eau : l’écrevisse. Trois espèces américaines ont achevé de pousser l’écrevisse locale dans ses retranchements. La tortue de Floride n’a aucun concurrent. Heureusement, la moule quagga et la crevette tueuse n’ont pas quitté encore la Moselle pour aborder la Seille ou l’Orne.
Face à cette situation, les amateurs de poissons exotiques n’ont qu’un conseil à suivre : « Ne videz pas vos aquariums dans les rivières, mais ramenez tout dans des zoos ou des animaleries ».
- EricPêcheur de lacs et rivières
Re: Les espèces invasives... article du RL d'aujourd'hui
Dim 22 Avr 2012 - 22:34
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