Séjour à Mequinenza

J’ai donné le virus de la pêche à mon fils, qui a maintenant 14 ans et, comme il était méritant, j’ai cherché à lui faire un beau cadeau de noël ayant un rapport avec ce loisir. Une canne ? Un moulinet ? Certes, il aurait été heureux, mais j’ambitionnais quelque chose d’inoubliable. Des vacances au bord d’un lac ?
               Durant des semaines, j’ai fouillé les sites et les forums et, comme il n’avait jamais attrapé de sandres et que nous avions fait tous les deux quelques tentatives infructueuses sur les silures; un nom revenait tout le temps comme une enseigne néon: Mequinenza !
 
J’ai tout lu, j’ai tout visionné sur le sujet; c’était sacrément tentant mais les témoignages étaient si discordant « Mequinenza, c’est fini ...»; « Capot à Mequinenza... »; des articles élogieux, mais écrits par des magazines de pêche, par des organisateurs de séjours et, à côté de cela, des photos et des vidéos à faire rêver ! De plus, certains de ces supports n’étaient pas de la première jeunesse…. Qu’en était-il maintenant ? Y avait-il toujours du poisson à Mequinenza ? Sans parler des aléas de la météo et de la versatilité des poissons ! Il faut quand même y consacrer un budget, sans parler des 7h de route pour s’y rendre. J’ai tourné tout cela bien des fois dans ma petite caboche avant de me lancer…
 
Chose la plus importante, j’avais décidé de prendre un guide; c’est bien beau qu’il y ait du poisson, mais si je ne sais pas où il se trouve, ni comment l’attraper, je courais tout droit à la désillusion. Un guide français m’aurait bien arrangé; j’ai fait allemand et anglais à l’école, et c’est bien loin. Mon choix s’est porté sur Marc Dupuy, dont vous trouverez facilement le site sur votre moteur de recherche, contact fut pris et, les conditions me convenant, il nous organise un séjour du 12 au 17 avril 2015 (arrivée le 12 au soir et départ le 17 au matin, soient 4 jours de pêche).

Pour 2 pêcheurs:
 
Compris:


- 5 nuits en chambre double + petits déjeuners
- 4 jours de pêche avec le guide et son bateau + les repas de midi pris au bord de l’eau
- 2 licences de pêche
- 1 canne équipée pour chaque pêcheur (gratuit)
 
Non compris

- Les boissons
- Les repas du soir
- Les leurres
 
On arrivait juste avec notre bêche et notre couteau, ça me convenait parfaitement. Quand au petit matériel qui me restait à avoir, j’ai laissé Marc le choisir sur place lors de notre premier jour, il savait mieux que moi ce qu’il fallait.
 
Le voyage n’a posé aucun problème, l’itinéraire est assez simple et tout est bien indiqué.

Arrivée le 12 avril vers 17h30
             
              Nous nous promenons dans Mequinenza, on a vite fait le tour ! Nous montons sur les hauteurs pour avoir une vue d’ensemble, nous arrivons pas loin du castillo et de là nous voyons une partie du barrage d’en haut, une partie de celui d’en bas (Riba Roja), plus l’étendue d’eau qui passe devant mequinenza… Que d’eau !!! Quelle immensité ! A ce moment, je me suis félicité d’être passé par un guide, franchement, on se serait noyé à vouloir se débrouiller seuls...
              A 19h30, rendez vous avec Marc au bar « l’Ebro » pour discuter de la suite. Je lui fait part de mon souhait d’attraper des sandres et, si possible, du silure. A ce dernier mot, il fait la grimace; pour le silure, c’est pas gagné… Mais pour les autres poissons non plus ! Il nous dit qu’il fera son maximum, mais que les poissons ont aussi leur mot à dire et que ça peut parfois être difficile; je le sais, c’est la pêche... Nous prenons possession de notre logement, je m’attendais à un hôtel ou un studio; c’est un appartement de 40 mètres carrés, 2 chambres et une petite terrasse qui donne en plein sur Riba Roja, là on est en plein dedans. Rendez-vous demain matin 8h pour l’ouverture du magasin d’articles de pêche; Mequifish.

13 avril, 1er jour de pêche
             
              8h, ouverture de Mequifish, Marc prend une bobine de mono fluorocarbone pour faire les bas de lignes, des têtes plombées de 5g et des shads d’environ 8cm de long (les prix sont sensiblement les mêmes qu’en France). Nous montons dans le 4X4 qui tracte la remorque et le bateau et en route pour le débarcadère du barrage d’en haut; durant les 4 jours, nous ne pêcherons que sur ce barrage. Mise à l’eau du bateau et en route !
              Nitro Z7 pooooooweeeeeeer !!!!! Ouf, ça décoiffe et avec une température extérieure de 7°C, il y fait pas chaud. Arrivés au bord d’une berge en pente douce, nous montons le matériel et Marc nous explique comment nous allons pêcher en cette saison. Le bateau longera parallèlement la rive, l’un assis à l’avant et l’autre à l’arrière, nous lancerons le plus près possible du bord et ramènerons vers nous, en essayant de passer assez près du fond; le plus important étant de faire nager le leurre lentement. A part quelques exceptions vues en face du village (sous le pont), toutes les embarcations vues, pêchent les bordures. Le soleil brille et, après avoir pris la mesure de nos cannes et de nos leurres, les poissons commencent à se manifester. Des touches rapides et brutales, quelques décrochés, mais, avant que nous nous arrêtions pour un sympathique repas froid au bord de l’eau vers 13h, nous avons attrapés chacun une dizaine de poissons, en moyenne 8 sandres pour 2 perches et cela suffit à notre bonheur. A partir de là, nous arrêterons d’avoir un compte précis des prises.
Nous repartons sous le soleil, de temps à autres une brise se lève, nous faisons 2-3 poissons supplémentaires, c’est un plus laborieux que le matin.. Vers 15h30 le vent devient plus insistant et continu; à partir de là: plus rien ! « C’est comme si quelqu’un appuyait sur un bouton », dit Marc. A Mequinenza, quand il fait beau, dans l’après midi le vent se lève, d’est en ouest (on l’appelle le thermique) et le sandre n’aime pas ce vent. Vers 17h; on plie les gaules et retour. Nous sommes content de notre journée !
Repas du soir au village, nous n’avons testé que 2 bar-restaurants, l’Ebro et le Citron Bleu, sur la place de la mairie; très bon accueil, cartes en français et les tapas et les platos combinados nous rassasient amplement !

 

Magnifique ! Mequinenza, jolie fabrique de sentiments mémorables,
De plus avec son enfant !

J'espère pouvoir aussi accéder a cette Eldorado de la pêche, au moins une fois, en attendant avec impatience la suite de tes aventures, merci !

14 avril, 2ème jour de pêche
 
              Même matinée qu’hier, un peu frais, pas de vent, grand ciel bleu. Marc passe nous chercher à 8h30 devant l’appart. Et il nous amène à un autre lieu de pêche, durant le séjour, nous ne pêcherons jamais 2 fois les mêmes rives. Arrivée l’heure du repas, on a un peu moins fait qu’hier; 7-8 poissons chacun; haut les cœurs, on renversera la tendance cet après-midi ! Hélas… Eole en a décidé autrement… Le vent se lève plus tôt et plus fort que la veille, nous jetons l’éponge vers 16h30; nous rentrons, fatigués, saoulés par le vent, un peu dépités et tanguant sur nos guiboles. Au coucher du soleil, des nuages d’altitude apparaissent; notre chance serait-elle en train de tourner ? Je suis un peu inquiet.

 

15 avril, 3ème jour de pêche
 
              Il est 5h30, je tourne dans mon lit et j’entends du bruit dehors; des voitures déjà ? Non, non, non… Ca ne peut pas être ce que je crois… Je me lève pour en avoir le cœur net et c’est la catastrophe… Le vent est déjà levé lui… Le ciel est tout gris. Quand mon fils se lève, on fait la grimace. Allez, on verra bien; on a un 3ème larron dans l’équipe et il sait mieux que nous, peut être nous amènera t’il ailleurs; une crique secrète à l’abri des éléments… Il a décidé que nous repartirions sur le barrage du haut, très peu d’embarcations nous y suivent, les autres restent à Riba Roja. Nous arrivons sur le lieu de pêche et commençons à lancer nos leurres, désabusés… Il devait être écrit quelque part  que les Grâces nous viendraient en aide, en 30 mn, le vent s’arrête totalement; un moment magique… Seuls sur la mer d’Aragon, étale à perte de vue, l’impression d’avoir été téléporté sur une autre planète, instants rares et merveilleux. Nous entrons dans une crique fantomatique, des arbres morts émergent de l’eau, tout y est immobile et notre petit rythme sandres et perches, touches et décrochés, reprend gentiment.
« Ooooooh !!!! », je tourne la tête et mon fils est arque bouté sur sa petite canne à leurre d’1m50, elle plie, donne de terribles à coups, « ne lâche pas la canne ! » crie Marc. Il la suivrait plutôt que de la lâcher ! Après quelques minutes d’émotions nous mettons au sec un silure d’1m10 et une douzaine de kilos à vue d’œil. Quelle joie pour nous ! Il n’en espérait pas autant.
Vers 17h, toujours pas de vent, mais le ciel est resté gris et nous avons quelques averses; allez, on arrive à la pointe de rochers là devant et on remballe; nous avons fait une douzaine de poissons chacun.  

 Marc et moi rangeons nos cannes, nous dépassons la pointe rocheuse qui laisse apparaître une rive faite de gros rochers fracturés, pleins d’anfractuosités. Un clapotis attire l’attention de Marc; « regardez, ce sont des gardons ou des rotengles qui sont en train de frayer dans les rochers », mon fils lance une dernière fois le leurre vers ceux-ci et….. Ziiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii, le frein du moulinet crie, la canne se plie en deux et cherche à passer sous le bateau, les à coups semblent plus violent que ce matin, notre guide le conseille « non, non, ne le suit pas; tiens le doucement mais ne tourne pas sur le bateau en le laissant te mener »; ça semble plus violent que celui de ce matin, la petite canne à leurres et le bas de ligne en 5 kg suffiront-ils ? Pendant 15mn il reprendra 3-4m de bobine chaque fois qu’on lui en prendra un.. Au bout d’une vingtaine de minutes, nous commençons à apercevoir l’animal dans les eaux troubles. Au premier abord, il n’a pas l’air plus gros que celui de ce matin pourtant, mais vu d’un peu plus près, il est plus large. Après avoir galéré un moment pour pouvoir lui passer la main dans la bouche qu’il gardait obstinément fermée, nous le mettons au sec. Il est bien plus large et un peu plus long que ce matin, 1m30. La fête est totale, quelle journée !!!

Je n’avais pas encore discuté avec d’autres pêcheurs depuis notre arrivée. J’avais donné pleins pouvoirs à Marc pour tout ce qui concernait les lieux et les façons de pêcher; les autres faisaient apparemment de la même façon que nous, dans des endroits très similaires, ils devaient donc faire, grosso modo, les mêmes prises que nous.
Le soir, alors que nous mangions, un homme, qui nous avait entendus parler, sort d’un groupe et vient à nous:
- Alors les français ! Vous avez pêchés aujourd’hui ? Vous êtes allés où ?
- Oui, on en a attrapé un peu, on est allé sur le barrage du haut.
- Nous non, avec le temps qu’il y avait ce matin, notre guide nous a amenés sur le barrage du bas.
- Ya du poisson partout de toute façon.
- Ouais, on a fait 2 sandres.
- Bah, vous êtes pas bredouilles au moins, c’est bien.
- Certains si ! On était 6….
Ah….. Franchement, j’étais gêné, je n’ai pas parlé de nos poissons, je n’ai pas sorti les photos. Mais j’ai compris qu’à Mequinenza il y avait des « guides » et des Guides….
 




Accroche toi p'tit !

16 avril, 4ème jour de pêche
 
              Pas de vent ce matin, temps gris, il est tombé quelques gouttes encore dans la nuit. Nous repartons. Après notre « triomphe » d’hier, pour moi, le séjour était d’ores et déjà réussi, il pouvait bien se passer ce qu’il voudrait aujourd’hui et la matinée fut morose; 3-4 prises chacun à l’heure du repas, plus de décrochés que les autres jours et plus de perches que de sandres. Bizarrement cette fois, nous nous rattraperons dans l’après midi pour arriver à notre total d’une dizaine de poissons chacun dont une carpe et un petit silure de 90cm, le temps est resté gris toutes la journée et de petits orages passaient à quelques kilomètres de nous.
Alors que mettions le bateau sur la remorque, un français, qui venait d’un groupe constitué de 2 bateaux m’aborde:
- Ca a été ? Vous en avez fait combien ?
- Boh, une dizaine chacun et un petit silure.
- Ah bon ??? Ouais, mais nous on a fait que les bordures !
- Ben, nous aussi….
Et je ne saurais pas combien ils en avaient attrapés, ce qui me laisse penser qu’ils étaient un peu en dessous de nous….

 

17 avril, le départ
 
              8h, nous rendons les clés et nous partons, les têtes pleines de sandres et l’image de ces gueules claires de silures vaincus remontant des profondeurs. « Mon fils; ça va être dur maintenant de faire des journées de bredouille comme avant… Va falloir s’y faire ! »
 

              Bravo à ceux qui ont eu le courage de me lire jusqu’au bout, j’aurai aimé, moi, avant de prendre ma décision pour le séjour, trouver des récits détaillés et récents, qu’ils soient positifs ou négatifs et c’est pour cela que je me suis lancé dans celui-ci en espérant qu'il soit utile à d'autres. Pour nous ça  restera un souvenir inoubliable, je souhaite qu’il en aille de même à tous ceux qui se lanceront dans l’aventure; mais vous le savez tous; même les meilleurs pêcheurs et guides du monde ne font pas la pluie et le beau temps et ne donnent pas l’appétit aux poissons.

 

poity a écrit:Magnifique ! Mequinenza, jolie fabrique de sentiments mémorables,
De plus avec son enfant !

J'espère pouvoir aussi accéder a cette Eldorado de la pêche, au moins une fois, en attendant avec impatience la suite de tes aventures, merci !

Mais de rien ! Vraiment inoubliable pour nous deux oui; on a eu de la chance !

Magnifique.

Merci pour le partage, et le joli travail de reporter  

très plaisant à lire, et tu m'as mis tout plein d'image en tête.

Bien vu Patrick! j'y vais aussi en octobre pour une semaine de peche, j'éspère qu'on aura du beau temps. On part avec Claude Valette, ca va je pense que comme guide il saura nous faire prendre du poisson 
T'en a eu pour combien niveau tarif pour tes 4 jours de peche?

nico57 a écrit:Bien vu Patrick! j'y vais aussi en octobre pour une semaine de peche, j'éspère qu'on aura du beau temps. On part avec Claude Valette, ca va je pense que comme guide il saura nous faire prendre du poisson 
T'en a eu pour combien niveau tarif pour tes 4 jours de peche?

Alors... Je ne connais pas Claude Valette ni les autres guides mais, si ça peut te rassurer, j'en ai lu du bien sur d'autres forums et ce n'est pas le nom que j'ai entendu prononcer par le groupe qui avait fait 2 sandres sur le barrage du bas. 
Au niveau tarif qui comprenait tout ce que j'ai énuméré et Marc s'est occupé de tout (permis, appart, repas de midi, etc...), ça m'a coûté 1284 euros (pour les 2 bien sûr...)

Ca c'est du report, merci de le partager avec nous Patrick

J'ai eu l'occasion de rencontrer Claude Valette il y a une dizaine d'années à Méquinenza, c'est un très très bon guide et en plus fort sympathique . J'en avais parlé à l'époque dans ce sujet

De bien belles vacances !!! 

oui ben c'est a peu de chose pres ce qu'on devrai payer tout compris par personne pour 7 jours, donc ca va on est bon

Merci du partage et pour les infos, ça donne envie...

nico57 a écrit:oui ben c'est a peu de chose pres ce qu'on devrai payer tout compris par personne pour 7 jours, donc ca va on est bon

Ca ne m'étonne pas, les professionnels sérieux doivent tous avoir à peu près les mêmes charges et ont tout intérêt à garder une certaine éthique tarifaire face aux "opportunistes".

Merci Patrick pour ce magnifique sujet.
Très précis et détaillé j'ai envie de prendre mes cannes et m'y rendre de suite.

Dans la mesure où c'est un projet 2018

Le guide semble en effet efficace 😊
Je reviendrai poster dès la session effectuée


Jean-yves

Je tombe sur ce forum et sur ce récit bien longtemps après ce séjour ... Magnifique compte-rendu !

Bonjour à tous, je ne résiste pas à la fierté (et si, quand même...) de vous donner des nouvelles de ce jeune garçon, comme quoi la pêche peut éveiller des vocations.
Après tous ces moments passés au bord de l’eau à discuter de son cycle, de son importance, des dangers qui pèsent sur cette ressource vitale, de la faune et la flore qui en dépendent, une volonté a germé dans l’esprit de cet adolescent qui s’émervellait à Mequinenza. Participer activement à la gestion et la protection de l’eau et, après avoir fourni beaucoup d’efforts à l’école et réussi le concours d’entrée en école d’ingénieur agronome, il intègre cette année l’école nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg.

Bravo à lui !

De biens beaux poissons !