Noms vernaculaires locaux
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kiki88
Héras
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Noms vernaculaires locaux
Jeu 21 Mar 2019 - 23:31
Bon bon... Depuis que je suis dans la région, j'entends des noms de poissons sortis de nulle part, qui ne correspondent à rien. Google ne connaît pas, fishbase ne connait pas, l'INPN ne connaît pas... Donc j'arrive absolument pas à savoir de quoi on parle.
J'imagine que je suis pas le seul à qui ça arrive, du coup, un topic pour ce genre d'histoires ma foi assez marrantes et qui m'intéressent sur le plan de la culture halieutique.
Est-ce que quelqu'un sait ce que c'est qu'une "chifre" (aucune idée de l'orthographe) et une "pathèse" (pas sûr non plus) ?
Au pire, si vous avez pas d'autre nom, des photos ? :p
J'imagine que je suis pas le seul à qui ça arrive, du coup, un topic pour ce genre d'histoires ma foi assez marrantes et qui m'intéressent sur le plan de la culture halieutique.
Est-ce que quelqu'un sait ce que c'est qu'une "chifre" (aucune idée de l'orthographe) et une "pathèse" (pas sûr non plus) ?
Au pire, si vous avez pas d'autre nom, des photos ? :p
- kiki88Brochet en étang
Re: Noms vernaculaires locaux
Ven 22 Mar 2019 - 13:54
Salut,
Alors pour la "Chifre" c'est le Hotu, et la "Pathèse" j'ai déja entendu ce nom mais je ne sais plus ce que c'est (c'est l'âge, je vieillis !!!)
Alors pour la "Chifre" c'est le Hotu, et la "Pathèse" j'ai déja entendu ce nom mais je ne sais plus ce que c'est (c'est l'âge, je vieillis !!!)
Re: Noms vernaculaires locaux
Ven 22 Mar 2019 - 14:42
J'ai effectivement trouvé cette nuit un ouvrage de 1899 mentionnant le nom vernaculaire "Chiffe" pour Chondrostoma nasus (donc le hotu). Le nom a sans doute dérivé.
Bon, le mec me soutenait que ce n'était pas pareil... J'avais pensé au toxostome, mais on n'est pas franchement dans son aire de répartition... :p
Bon, le mec me soutenait que ce n'était pas pareil... J'avais pensé au toxostome, mais on n'est pas franchement dans son aire de répartition... :p
- kiki88Brochet en étang
Re: Noms vernaculaires locaux
Ven 22 Mar 2019 - 16:49
Si j'ai bonne mémoire c'est la "Sofie" mais il n'y en a pas dans le nord de la France, mais cela ressemble au hotu... et je crois que cette espèce devient de plus en plus rare... (encore une !!!)
- silouPêcheur de lacs et rivières
Re: Noms vernaculaires locaux
Ven 22 Mar 2019 - 17:45
La pathèse = Carpe bouvière je crois bien
- HautepierrePerche en canal
Re: Noms vernaculaires locaux
Ven 22 Mar 2019 - 20:27
Salut
En lorraine on pêche des chiffes à fond sur les graviers dans le courant , un poisson qui n’a pas la cote mais pourtant se défends bien , peut-être un deli de sale gueule car il s’agit du hotu
Gamin j’ai attrapé aussi des pataises , ça ressemblait au gardon mais en plus court et rond , le vrai nom est la bouviere je pense
Les chiffes envahissent toujours autant la meurthe dans l’etage du barbeau , par contre la pataise je n’en ai plus vu depuis plus de 20 ans
En lorraine on pêche des chiffes à fond sur les graviers dans le courant , un poisson qui n’a pas la cote mais pourtant se défends bien , peut-être un deli de sale gueule car il s’agit du hotu
Gamin j’ai attrapé aussi des pataises , ça ressemblait au gardon mais en plus court et rond , le vrai nom est la bouviere je pense
Les chiffes envahissent toujours autant la meurthe dans l’etage du barbeau , par contre la pataise je n’en ai plus vu depuis plus de 20 ans
- HautepierrePerche en canal
Re: Noms vernaculaires locaux
Ven 22 Mar 2019 - 20:36
Et pour la pataise certains vieux l’appelaient aussi la peteuse je me souviens
Re: Noms vernaculaires locaux
Ven 22 Mar 2019 - 23:55
Fort bien, tout ça !!! C'est donc la Bouvière... Tout simplement !
Concernant le Toxostome (Parachondrostoma Toxostoma), ou effectivement la sofie, ou encore souffie (noms vernaculaires du sud-ouest de la France), il est assez menacé. C'est d'ailleurs en grande partie du fait de l'expansion du hotu (Chondrostoma nasus)...
Les deux espèces partagent les mêmes niches écologiques, ont des optimums de reproduction similaires (donc frayent en même temps), les mêmes zones de frai et une proximité génétique certaine. L'ensemble induit une hybridation fréquente et un phénomène de dérive génétique, avec des hybrides fertiles, semble-t-il, ce qui n'arrange rien à la situation.
L'autre problème, c'est sa zone de répartition. On parle d'une espèce sub-endémique, qui occupe le nord de l'Espagne et deux bassins versants de la France : Rhône-Méditerranée et Adour-Garonne. Autant dire que les choses peuvent aller très vite dans ces conditions. Si on ajoute à ça l'anthropisation des milieux (même si c'est pas l'espèce la plus sensible), les sécheresses à répétition, etc., ça sent sacrément mauvais...
Il est classé Vulnérable (A2ce) par l'UICN. Je traduis :
A2 : réduction de 80% ou plus des effectifs (estimée, déduite ou supposée) sur 10 ans (ou trois générations si c'est plus long, mais pour les poissons, voilà...),
c : réduction de la zone d'occupation et/ou dégradation de la qualité de l'habitat,
e : Présence d'une espèce introduite, phénomènes d'hybridation, agents pathogènes, etc.
La carpe commune (Cyprinus carpio) a exactement le même classement au niveau européen, mais reste en préoccupation mineure en France. Mais son aire de répartition est beaucoup plus large...
Concernant le Toxostome (Parachondrostoma Toxostoma), ou effectivement la sofie, ou encore souffie (noms vernaculaires du sud-ouest de la France), il est assez menacé. C'est d'ailleurs en grande partie du fait de l'expansion du hotu (Chondrostoma nasus)...
Les deux espèces partagent les mêmes niches écologiques, ont des optimums de reproduction similaires (donc frayent en même temps), les mêmes zones de frai et une proximité génétique certaine. L'ensemble induit une hybridation fréquente et un phénomène de dérive génétique, avec des hybrides fertiles, semble-t-il, ce qui n'arrange rien à la situation.
L'autre problème, c'est sa zone de répartition. On parle d'une espèce sub-endémique, qui occupe le nord de l'Espagne et deux bassins versants de la France : Rhône-Méditerranée et Adour-Garonne. Autant dire que les choses peuvent aller très vite dans ces conditions. Si on ajoute à ça l'anthropisation des milieux (même si c'est pas l'espèce la plus sensible), les sécheresses à répétition, etc., ça sent sacrément mauvais...
Il est classé Vulnérable (A2ce) par l'UICN. Je traduis :
A2 : réduction de 80% ou plus des effectifs (estimée, déduite ou supposée) sur 10 ans (ou trois générations si c'est plus long, mais pour les poissons, voilà...),
c : réduction de la zone d'occupation et/ou dégradation de la qualité de l'habitat,
e : Présence d'une espèce introduite, phénomènes d'hybridation, agents pathogènes, etc.
La carpe commune (Cyprinus carpio) a exactement le même classement au niveau européen, mais reste en préoccupation mineure en France. Mais son aire de répartition est beaucoup plus large...
Re: Noms vernaculaires locaux
Sam 23 Mar 2019 - 19:59
Au temps pour moi, j'ai dit une bêtise :
Le toxostome et le hotu, justement ne sont pas supposés se reproduire en même temps, et pas systématiquement aux mêmes endroits. Mais j'ai un pote qui a bossé sur une étude qui a bien démontré le problème d'hybridation...
Le toxostome et le hotu, justement ne sont pas supposés se reproduire en même temps, et pas systématiquement aux mêmes endroits. Mais j'ai un pote qui a bossé sur une étude qui a bien démontré le problème d'hybridation...
- rem57-54Silure en rivière
Re: Noms vernaculaires locaux
Dim 24 Mar 2019 - 12:32
Salut pour les nostalgiques de la pathése il y en a à l'étang de la savonniére à maiziéres les metz, on me l'a montrée l'an passé car je ne connaissais pas mais ses couleurs bleuté et rougeatre en période de fraie en font un beau (petit) spécimen....
- HautepierrePerche en canal
Re: Noms vernaculaires locaux
Dim 24 Mar 2019 - 23:19
J’ai lu au sujet de la bouviere que sa reproduction est étroitement liée à la présence de moule d.eau douce comme une mère porteuse car il y aurait incubation pendant quelques semaines ....
C’est peut être une explication de sa raréfaction?
C’est peut être une explication de sa raréfaction?
Re: Noms vernaculaires locaux
Lun 25 Mar 2019 - 14:01
Elle n'est classée Vulnérable qu'en Haute-Normandie, et les critères ne sont pas indiqués... Difficile de te répondre comme ça. J'ai demandé à un ami ichtyologue s'il avait des infos.
Après, la nouvelle liste rouge de l'UICN concernant les poissons est en préparation, on aura peut-être de nouvelles infos !
Après, la nouvelle liste rouge de l'UICN concernant les poissons est en préparation, on aura peut-être de nouvelles infos !
- HautepierrePerche en canal
Re: Noms vernaculaires locaux
Lun 25 Mar 2019 - 21:27
Aspect : corps aplati latéralement recouvert de grandes écailles. La ligne latérale est très brève (sur 5 ou 6 écailles).
Couleur : dos gris-vert, ventre à reflets rosés et arrière des flancs marqué d’une bande bleutée.
Taille : petite espèce, elle ne dépasse pas 5 à 7cm.
La bouvière vit en bandes dans les eaux lentes ou stagnantes, à fond de vase, où les moules (anodontes) sont abondantes. Elle se nourrit essentiellement des animalcules de petite taille vivant à proximité du fond.
À noter : la bouvière est plus fréquente qu’on ne le croît, les repeuplements ayant facilité sa dispersion.
A savoir
Ce sont les particularités liées à son mode de reproduction qui confèrent à la bouvière tout son intérêt : en mai-juin, la femelle développe un tube de ponte lui permettant de déposer une quinzaine d’oeufs à l’intérieur de la coquille d’une moule (anodonte). Les alevins demeurent ainsi à l’abri, durant plusieurs semaines.
Couleur : dos gris-vert, ventre à reflets rosés et arrière des flancs marqué d’une bande bleutée.
Taille : petite espèce, elle ne dépasse pas 5 à 7cm.
La bouvière vit en bandes dans les eaux lentes ou stagnantes, à fond de vase, où les moules (anodontes) sont abondantes. Elle se nourrit essentiellement des animalcules de petite taille vivant à proximité du fond.
À noter : la bouvière est plus fréquente qu’on ne le croît, les repeuplements ayant facilité sa dispersion.
A savoir
Ce sont les particularités liées à son mode de reproduction qui confèrent à la bouvière tout son intérêt : en mai-juin, la femelle développe un tube de ponte lui permettant de déposer une quinzaine d’oeufs à l’intérieur de la coquille d’une moule (anodonte). Les alevins demeurent ainsi à l’abri, durant plusieurs semaines.
Re: Noms vernaculaires locaux
Lun 25 Mar 2019 - 23:13
Assez fascinant, comme mode de reproduction. Tu sais si les larves (alevins) parasitent la moule ? Si c'est juste pour planquer le magot ? Ou même si par là-même, la bouvière apporte quelque chose aux anodontes ?
- rem57-54Silure en rivière
Re: Noms vernaculaires locaux
Mar 26 Mar 2019 - 17:22
Vraiment passionnant comme sujet...
l'endroit oû elles sont est effectivement plein de vase, il est possible de raccrocher des poches de vers de vase (ça met arriver trois fois sur cet étang) par contre les moules je ne sais pas mais dans les étangs autour oû le fond est plus visible il y en as c'est sure....
l'endroit oû elles sont est effectivement plein de vase, il est possible de raccrocher des poches de vers de vase (ça met arriver trois fois sur cet étang) par contre les moules je ne sais pas mais dans les étangs autour oû le fond est plus visible il y en as c'est sure....
- HautepierrePerche en canal
Re: Noms vernaculaires locaux
Mar 26 Mar 2019 - 21:50
Oui et il y a encore un truc épatant dans l’etroite relation moule-bouviere , il y a retour de l’ascenseur
En effet la moule est tout aussi habile , quand ses rejetons sont à l’etat de larves ceux ci s’empressent de s’accrocher aux branchies des poissons du voisinage et squattent ainsi pendant quelques semaines histoire de profiter du garde manger local , ensuite ils se laissent tomber au fond et font leur vie de mollusque
En effet la moule est tout aussi habile , quand ses rejetons sont à l’etat de larves ceux ci s’empressent de s’accrocher aux branchies des poissons du voisinage et squattent ainsi pendant quelques semaines histoire de profiter du garde manger local , ensuite ils se laissent tomber au fond et font leur vie de mollusque
- HautepierrePerche en canal
Re: Noms vernaculaires locaux
Mar 26 Mar 2019 - 21:58
J’ajouterai aussi que les grosses moules anodontes ne sont pas présentes que dans la vase , elles colonisent un peu partout mais je crois plutôt dans des eaux tendances granitiques acides comme les rivières et étangs vosgiens .
De plus je ne suis pas sur qu’elles soient particulièrement sensibles à la pollution .
Une dernière info qui m’epate c’est la croissance hyper lente et la longévité de ces animaux : une centaine d’annees pour un beau sujet c’est ce que j’ai souvent entendu
Tu confirmes ?
De plus je ne suis pas sur qu’elles soient particulièrement sensibles à la pollution .
Une dernière info qui m’epate c’est la croissance hyper lente et la longévité de ces animaux : une centaine d’annees pour un beau sujet c’est ce que j’ai souvent entendu
Tu confirmes ?
- EricPêcheur de lacs et rivières
Re: Noms vernaculaires locaux
Mar 26 Mar 2019 - 22:55
Les anodontes se complaisent dans la rivière Moselle bien en aval des Vosges et par conséquent, sont plus aptes à se développer dans les eaux basiques, qu'alcalines. Ce sont également de bons indicateurs de pollution, elles filtrent l'eau en permanence mais concentrent pas mal de cochonneries, il suffit qu'un labo en ramasse sur le substrat d'une rivière pour que celles-ci délivrent les traces de polluants et germes pathogènes présents.
@+
@+
Re: Noms vernaculaires locaux
Mer 27 Mar 2019 - 0:20
En général, c'est surtout les métaux lourds et composés organiques persistants type PCB qui se retrouvent chez les espèces qui sont particulièrement bio-accumulateurs. Après faut se méfier des espèces indicatrices. C'est quand même fortement remis en question, certainement parce que la mal utilisé. Beaucoup de ces espèces dites "polluo-sensibles" ne sont en fait sensibles qu'à certains polluants spécifiques.
Re: Noms vernaculaires locaux
Lun 18 Nov 2019 - 21:14
Tiens, on a fait une vidéo qui parle de noms vernaculaires et scientifiques...
On reviendra plus tard sur les régionalismes. En attendant, si ça vous intéresse je la mets ici, et si jamais vous voulez aller plus loin, on a également écrit un article qui rentre dans quelques détails.
On reviendra plus tard sur les régionalismes. En attendant, si ça vous intéresse je la mets ici, et si jamais vous voulez aller plus loin, on a également écrit un article qui rentre dans quelques détails.
Et l'article est ICI (avec la vidéo intégrée dedans aussi).
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